Relation entre science et religion

La relation entre science et religion est un sujet abordé depuis l'Antiquité et dans le cadre de nombreux champs d'investigation, dont la philosophie des sciences, la théologie, l'histoire des sciences et l'histoire des religions.



Catégories :

Créationnisme - Philosophie de la religion - Religion - Métaphysique - Histoire des sciences

Recherche sur Google Images :


Source image : questionsuivante.fr
Cette image est un résultat de recherche de Google Image. Elle est peut-être réduite par rapport à l'originale et/ou protégée par des droits d'auteur.

Page(s) en rapport avec ce sujet :

  • La notion de conflit entre religion et science est né essentiellement à cause du ..... Analysant la relation de la science avec la religion dans l'un de ses... (source : bahai-biblio)
  • Parler actuellement de la relation entre science et religion s'avère à la foi un geste de normalité et un défi. La normalité est due au fait que les deux... (source : science-et-religion)
  • Exposé de 4 pages en . doc intitulé : La relation entre science et religion. C'est un document de la catégorie religion publié en 2009. (source : oboulo)
Dans la pensée médiévale, la science, la géométrie et l'astronomie étaient directement liées au divin. Le compas dans ce manuscrit du XIIIe siècle symbolise la création.

La relation entre science et religion est un sujet abordé depuis l'Antiquité et dans le cadre de nombreux champs d'investigation, dont la philosophie des sciences, la théologie, l'histoire des sciences et l'histoire des religions.

C'est par l'intermédiaire des traductions et des commentaires des philosophes arabes comme Avicenne et Averroès que l'œuvre d'Aristote est parvenue en Occident et a nourri la pensée médiévale. Ainsi, au XIIIe siècle, Thomas d'Aquin tente de concilier la philosophie aristotélicienne et la foi révélée des Écritures.

La philosophie médiévale a transmis ces fondements intellectuels du savoir que sont les philosophies des grands auteurs de l'antiquité[1].

La foi religieuse face à la science moderne

Pour des raisons liées aux dogmes, la religion chrétienne a fréquemment été en conflit avec les sciences et les techniques, à travers les rapports de l'homme au monde "visible" ou "invisible", et des représentations sociales que cela entraîne.

Certains scientifiques furent contraints d'apporter un âge de l'Univers conforme à celui apporté par la Bible :

Les relations entre science et foi ont ensuite donné lieu à des débats à caractère métaphysique, depuis le XVIIe siècle jusqu'à nos jours. A titre d'exemple, des prises de position jugées inopportunes de l'Église catholique au sujet de Galilée (voir révolution copernicienne) ont contribué à jeter un certain discrédit sur le catholicisme, qui s'est répercuté sur les autres religions (accusation d'«obscurantisme»).

Pour le catholicisme contemporain, la relation entre la foi et la raison est développée dans l'encyclique Fides et Ratio (1998). Il y est affirmé que les positions positivistes consistant à refuser d'admettre comme valable la connaissance religieuse ont été discréditées par la critique épistémologique :

«Le scientisme est un autre danger qu'il faut prendre en considération. Cette conception philosophique se refuse à admettre comme valables des formes de connaissance différentes de celles qui sont le propre des sciences positives, renvoyant au domaine de la pure imagination la connaissance religieuse et théologique, autant que le savoir éthique et esthétique. Antérieurement, cette idée s'exprimait à travers le positivisme et le néo-positivisme, qui considéraient comme dépourvues de sens les affirmations de caractère métaphysique. La critique épistémologique a discrédité cette position, mais voici qu'elle renaît sous les traits nouveaux du scientisme.»[2]

Certaines religions ont constitué un clergé à composante scientifique[3] qui, au cours du XXe siècle, était toujours estimé. Elles peuvent aussi disposer d'universités, de centres de recherche, comme l'Académie pontificale des sciences, et d'outils de recherche, comme l'Observatoire du Vatican.

Le sujet des rapports entre la science et la religion a inspiré à Bertrand Russell un essai[4] comprenant un chapitre examinant si la science est elle-même superstitieuse.

Les connaissances ont progressé aussi en Occident dans plusieurs monastères. La redécouverte, en occident, de pans entiers de la philosophie grecque (Aristote), par les échanges avec d'autres civilisations, et la traduction de nombreux manuscrits antiques entre 1120 et 1190 a permis de diffuser ces textes dans n'importe qui occidental. Des savants juifs (Maïmonide) et musulmans se sont joints aux chrétiens dans cette œuvre, ce qui entraîna une véritable renaissance[5]. La critique de ces mêmes textes au nom de l'observation et de l'expérimentation s'ensuivra (voir par exemple Roger Bacon)..

L'astrophysicien Hubert Reeves souligne que même si «on a longtemps pensé que la science allait chasser la fonction religieuse, c'était une erreur.» À ce sujet, deux conceptions s'opposent :

  1. Science et religion n'abordent pas les mêmes questions : La science décrit les phénomènes, les mécanismes, les principes auxquels nous sommes soumis, en un mot le «comment» de l'existence. Cependant, les limites de la science actuelle sont bien réelles, comme le met en évidence Pierre Karli de l'Académie des sciences : «notre soif de signification et d'espérance n'est pas prise en compte par la science car on ne sait pas l'introduire dans les équations !». Par contre, tout comme la philosophie et l'art de leur côté, la foi s'intéresse aux questions existentielles concernant le sens de la vie, la présence de l'au-delà, l'existence de Dieu, la relation des Hommes avec Lui, et s'oriente par conséquent sur le «pourquoi» de l'existence.
  2. L'autre thèse est celle de la continuité des connaissances[6].
Articles détaillés : Théologie du Process et Alfred North Whitehead.

Évolution historique de la relation entre science et religion

Antiquité tardive

Augustin d'Hippone

Augustin d'Hippone (354 - 430) ne fut pas un scientifique mais il influença fortement le développement de la pensée scientifique occidentale par ses conceptions philosophiques. Au début du Moyen Âge, la science était prise entre deux grands courants théologiques. Le premier prônait l'étude unique de la question du salut, la science ne pouvant que nuire aux âmes chrétiennes. Le second courant enseignait que l'étude du monde apprend à reconnaître ainsi qu'à respecter la grandeur de son Créateur. Augustin défendit ardemment cette idée. Pour lui, la science avait un rôle à jouer dans la religion chrétienne. Il développa la théorie divine du savoir selon laquelle l'univers, expression de la volonté divine, ne pouvait qu'être bon, et son étude renforcer la foi. [7]

Moyen Âge

Averroès (1126-1198) consacre toute sa vie à l'œuvre d'Aristote. Il cherche à en retrouver le sens originel en la débarrassant de l'ensemble des interprétations faites jusque-là. Il se l'approprie avec assez de pénétration et de puissance pour construire un dispositif qui porte sa marque personnelle. C'est à la question de l'origine des êtres qu'il s'intéresse le plus. Selon lui, Aristote prétend que rien ne vient du néant et que ni la forme ni la matière ne sont créées. Le mouvement serait éternel et continu : c'est la doctrine de l'éternité de la matière. Il distingue en l'homme l'intellect passif et l'intellect actif. Ce dernier se situerait au-delà de l'individu : il lui serait supérieur, antérieur, extérieur car il serait immortel. L'immortalité serait un attribut de l'espèce et non de l'individu. Cette distinction conduit Averroès à séparer radicalement raison et foi, les lumières de la Révélation n'étant accessibles qu'à l'intellect actif.

St Thomas d'Aquin

Thomas d'Aquin (1225-1274), par contre, cherchera à les réconcilier, fondant la théologie comme science rationnelle. Ces doctrines philosophiques soulèveront des débats passionnés dans le monde chrétien et trouveront presqu'autant de disciples que d'opposants. La tendance à séparer la raison et la foi comme relevant de deux ordres de vérité différents risquait de ruiner les efforts de ceux qui voulaient au contraire concilier, à travers Aristote, le savoir profane et la foi révélée. Les principes d'Averroès reconnus comme dangereux seront finalement condamnés par l'Église en 1240, puis en 1513 soulignant l'influence énorme du philosophe arabe en Occident, surtout dans les écoles médiévales. Condamné en son temps par la religion musulmane qui lui reproche de déformer les préceptes de la foi, Averroès doit fuir, se cacher, vivre dans la clandestinité et la pauvreté, jusqu'à ce qu'il soit rappelé à Marrakech, où il meurt, réhabilité, en 1198 [8].

Il fut mêlé en 1268, à une controverse autour de l'aristotélisme opposant les partisans de la philosophie de Saint Augustin aux averroïstes. Les premiers se sentaient menacés par les seconds qui prônaient l'indépendance de la philosophie vis-à-vis de la révélation. Au cœur du débat, Thomas d'Aquin soutenait alors une position intermédiaire qui lie foi et raison. Pour lui, le savoir reposait à la fois sur des vérités de foi et des vérités de l'expérience, les unes plus que les autres suivant que le sujet d'examen concerne le spirituel ou le matériel. D'autre part, les chrétiens, selon lui, n'avaient pas à craindre la philosophie païenne car toute étude de la Nature est une étude de l'œuvre de Dieu. Cependant, malgré sa position modérée, Thomas d'Aquin est condamné en même temps que les averroïstes. Nommé en 1272 à Naples pour y créer un studium, il meurt deux ans plus tard. En 1277, les maîtres de Paris, alors la plus haute juridiction théologique de l'Église, le condamnent à nouveau pour certains de ses écrits. Mais particulièrement vite après cet épisode, on commence à prendre conscience de la valeur des efforts déployés par Thomas d'Aquin pour réconcilier la science grecque et l'orthodoxie chrétienne. Il sera canonisé dès 1323.

C'est à Thomas d'Aquin, et d'une façon générale à la philosophie médiévale, qu'on doit les fondements intellectuels du savoir occidental. [9]

XVIe siècle : Copernic et la fin du géocentrisme

Érudit, avide de savoir, Nicolas Copernic (1473-1543) étudie dans l'ensemble des domaines : théologie, médecine, mathématiques, économie et astronomie. Il reprend et développe les résultats de Aristarque de Samos qui, en -208 s'était opposé au géocentrisme; il avait déclaré que la terre tournait autour du soleil et sur elle-même. [10]

Couverture de De revolutionibus Orbium Cœlestium (Partie VI, édition Basel).

Le pape Paul III, qui veut réformer le calendrier, lui confie une étude des planètes et du soleil pour vérifier la théorie de Claude Ptolémée, un géographe grec du IIe siècle qui affirme que la Terre est localisée au centre de l'univers, le soleil et les planètes tournant autour d'elle. La doctrine catholique s'appuie sur cette thèse pour affirmer que l'Homme, et par conséquent la Terre, sont au centre de la création. Particulièrement vite, néenmoins, Copernic établit l'incohérence de cette théorie. Prudent, car craignant à juste titre les foudres de la la Curie romaine, Copernic attendra la fin de sa vie pour publier ses conclusions dans De revolutionibus orbium cœlestium. Son travail fît grand bruit et libéra les savants des préjugés théologiques présentés comme des vérités divines... [11]

Se basant sur les travaux de Nicolas Copernic et Nicolas de Cuse, Giordano Bruno (1548-1600), démontre, de manière philosophique, la pertinence d'un Univers illimité, peuplé d'une quantité innombrable de mondes semblables au nôtre. Accusé d'hérésie par l'Inquisition il est brûlé vif après huit années de procès.

XVIIe siècle Galilée et la rupture entre science et religion

En 1632 et 1633 eut lieu le procès de Galilée, à cause de la publication d'un ouvrage rhétorique et dialectique favorable à l'héliocentrisme (le dialogue sur les deux grands dispositifs du monde). Ce procès marque la séparation entre l'ancien et le nouveau en matière de sciences. C'est une rupture entre la science et la religion, qui mènera à un développement prodigieux de la science. L'Academia dei Lincei, dont faisait partie Galilée, était une société savante qui interdisait de mêler politique ou religion à la science. Lors de son procès, on lui opposa, entre autres, une citation biblique où Josué s'adressait au soleil pour lui demander d'arrêter sa course.

Galilée espérait convaincre le pape. Urbain VIII, qui s'était néenmoins opposé à la mise à l'Index de Copernic en 1616, décida de livrer Galilée au tribunal de l'Inquisition, et commua immédiatement sa peine en assignation à résidence. Les juges refusèrent de regarder dans la lunette. Le procès portait essentiellement sur la preuve que Galilée avait désobéi à une injonction du Saint-Office lui interdisant de discuter des thèses coperniciennes hérétiques.

Ces controverses sur l'interprétation des passages cosmologiques de la Bible qui laissaient entendre à l'époque que l'univers était géocentrique, eurent des conséquences énormes sur les relations entre la science et la foi.

En novembre 1633, Descartes apprit la condamnation de Galilée. C'est pourquoi, en 1634, recevant de son ami Beeckman un exemplaire du dialogue sur les deux grands dispositifs du monde, l'ouvrage de Galilée qui lui avait valu sa condamnation, Descartes décida de ne pas publier son ouvrage : le traité du monde et de la lumière. Ce traité ne fut publié qu'en 1664, après la mort de Descartes. Le procès de Galilée a en quelque sorte déclenché la carrière philosophique de Descartes.

Siècle des Lumières

Article détaillé : Siècle des Lumières.

Dans ses Philosophiæ naturalis principia mathémathica de 1713, Newton avait défendu la thèse selon laquelle la création du monde, tout comme sa structure et son devenir, peuvent s'expliquer par des causes mécaniques, l'ordre du monde étant garanti par Dieu. L'argument avancé par Newton était de nature double : (1) il était a posteriori, procédant d'une constatation de l'ordre naturel, de la régularité (lois) des phénomènes naturels; (2) et analogique, introduisant une similitude entre l'ordre du monde et celui de la pensée (les productions rationnelles de l'homme). De fait, un tel argument amenait obligatoirement à la thèse selon laquelle le dispositif du monde ne peut être que le produit d'une intention ou d'un dessein divin. La révolution copernicienne est le passage de la représentation géocentrique à la représentation héliocentrique au XVIIe et au XVIIIe.

Le pape Benoît XIV fit donner l'imprimatur aux œuvres de Galilée en 1741, et leva l'index sur la théorie héliocentrique en 1757. Ces mesures, mais aussi les hommages rendus à Galilée par les papes modernes, forment implicitement une réhabilitation de Galilée par l'Église catholique. L'Église révisa le principe des études bibliques aux XIXe et XXe siècles. Le pape Jean-Paul appela en 1981 une commission chargée d'étudier la controverse ptoléméo-copernicienne. Cette commission remit ses conclusions en 1992.

En biologie, le XVIIIe est une période de controverses intenses entre les tenants de l'épigénèse et l'Église catholique qui défend la théorie de la préformation à cause de la doctrine de la préexistence et de l'emboîtement des germes  : Dieu étant le créateur le toute chose, il a, dès le commencement, créé l'ensemble des animaux, l'ensemble des plantes et l'ensemble des hommes amenés à peupler le monde jusqu'à la fin des temps. Les enfants à naître existent par conséquent déjà, ils sont logés complètement constitué mais à l'état microscopique dans leurs géniteurs, et eux-mêmes dans cet état microscopique abritent leur enfants, qui abritent eux la génération suivante, etc.

Le XIXe siècle

En 1859 lorsque éclate la controverse entre Louis Pasteur et Félix-Archimède Pouchet auteur de «Hétérogénie ou Traité de la génération spontanée», l'Église rejette la théorie de la génération spontanée qu'elle associe au matérialisme athée[12].

Les idées positivistes

Article détaillé : Positivisme.
Auguste Comte : «Initialement spontanée, puis inspirée, et ensuite révélée, la religion devient enfin démontrée.»

Auguste Comte (1798 - 1857) s'inspire de Roger Bacon, Descartes, Monge, Condorcet, et ouvre, à son domicile, un cours de philosophie lors duquel il expose sa loi des trois états de l'esprit humain, qu'il compare aux stades de l'évolution de l'Homme : théologique, ou fictif, dans sa jeunesse ; métaphysique, ou abstrait, dans son adolescence ; et positif dans sa maturité, qui devient l'âge de la science. Ce dernier état recherche le "comment" des choses et non le "pourquoi", car la nature des choses, l'absolu, l'explication universelle de la nature sont des utopies qui relèvent de la métaphysique et ne doivent pas être recherchés : Comte rejette la cause première, et cherche à expliquer les phénomènes par des lois exprimables en langage mathématique. L'approche scientifique selon Comte sert à dévoiler le réel et de décrire les lois de la nature en vue d'une destination pratique, utile, pour l'action, par opposition à la connaissance pour la connaissance. La philosophie a pour but d'unifier la connaissance et d'en faire la synthèse face à la dispersion des disciplines qui forme un danger pour la science.

Réception des théories de Darwin

Caricature satirique, couverture de La petite lune

Darwin fut conscient du caractère révolutionnaire de sa pensée. Cela le fit hésiter autant vis-à-vis des autorités scientifiques que des autorités religieuses. La parution de son œuvre maîtresse en 1859 : L'Origine des espèces (en anglais On the Origin of Species by means of Natural Selection), provoqua des réactions passionnées quoique Darwin n'ait pas cherché à être spécifiquement provocateur dans la mesure où il cite toujours le Créateur.

Ce n'est que plus tard qu'il s'exprime clairement sur l'homme avec The Descent of Man, and Selection in Relation to Sex. Quoique les notes de ses carnets indiquent de nettes options matérialistes dès 1837, il ne se déclare agnostique qu'en 1876. Les réactions de l'Église furent catégoriques, l'origine animale de l'homme ne pouvait qu'être en contradiction avec la bible et la doctrine catholique. Dès 1860 le concile provincial de Cologne, s'oppose à la thèse darwinienne et déclare : «Nos parents ont été créés par Dieu immédiatement. C'est pourquoi nous déclarons particulièrement contraire à l'écriture sainte ainsi qu'à la foi, l'opinion de ceux qui n'ont pas honte d'affirmer que l'homme, quant au corps, est le fruit de la transformation spontanée d'une nature imparfaite en d'autres de plus en plus idéales jusqu'à la nature humaine actuelle».

En 1860, les scientifiques Joseph Dalton Hooker et Thomas Henry Huxley qui défendaient la thèse scientifique de Darwin, débattent face à l'évêque d'Oxford Samuel Wilberforce qui défendait une thèse fixiste conforme à l'orthodoxie anglicane.

Position des Églises au XIXe siècle

La crise moderniste est due au succès de l'exégèse historico-critique lancée par les chercheurs et théologiens protestants[13]

Articles détaillés : crise moderniste, Théorie documentaire, Quêtes du Jésus historique et Problème Synoptique.

Dans l'impératif hérétique, Peter L. Berger écrit en 1979[14] que "le protestantisme se confronte de manière innée à la modernité en cela qu'il a suscité un courant de théologiens qui se sont retournés contre leurs propres Écritures". Cette hardiesse critique a suscité des succès en Europe avec la laïcité[15] et des revers aux USA avec la création du essentielisme protestant qui s'élève à la fois contre l'infaillibilité pontificale et contre l'exégèse scientifique...

Pie IX distinguait vraie science et fausse science[16]; la vraie est celle qui se conforme à l'infaillible révélation divine, "étoile" qui doit guider le scientifique et "lumière" qui "aide à se préserver des écueils et des erreurs". La science fut accusée de propager l'athéisme et le matérialisme.

Léon XIII, successeur de Pie IX, renouvela les études bibliques par l'encyclique Providentissimus Deus. Cependant, la situation théologique n'évolua guère sur le terrain. La prédication à Notre Dame[Quoi ?] reste ferme : le catholique possède la "science suprême" ; il "ne craint rien de la fausse science, parce que toujours elle est confondue ; rien de la vraie science, parce que toujours elle tombe d'accord avec la vérité. "

Le XXe siècle

Pie X, allait entreprendre une véritable chasse aux sorcières pour étouffer les idées nouvelles [17] et en rester à l'enseignement respectant les traditions des séminaires où dans les manuels bien pensants était écrit :"[l'inspiration] préserve l'écrivain sacré de toute erreur, non seulement de toute erreur dogmatique et morale, mais également de toute erreur historique ou scientifique". Le séminariste devait s'en tenir au concordisme, la Bible s'accorder idéalement avec l'histoire et la science.

L'attitude de l'Église catholique a cependant évolué lors du pontificat de Pie XI, au sortir de «la terrible répression anti-moderniste»[18].

Article détaillé : Serment anti-moderniste.

Néanmoins, les positions de l'Église catholiqus ne changèrent rien aux travaux des ecclésiastiques engagés dans le monde scientifique, surtout dans la recherche sur la préhistoire et les origines de l'homme.

Articles détaillés : Abbé Breuil et Pierre Teilhard de Chardin.

Le cercle de Vienne

Article détaillé : Cercle de Vienne.

Le cercle de Vienne (Wiener Kreis) était un groupement de savants et de philosophes constitué à Vienne à partir de 1923 autour de Moritz Schlick, en vue de développer une nouvelle philosophie de la science dans un esprit de rigueur, et en excluant toute considération métaphysique. Sous le nom de "conception scientifique du monde", le programme commun caractérise un "tournant de la philosophie" Schlick. Il présente trois principes majeurs :

  1. La science doit pouvoir être unifiée dans son langage et dans les faits qui la fondent. Toute connaissance scientifique, en effet, vient soit de l'expérience, soit de la "mise en forme tautologique de la pensée".
  2. La philosophie, qu'elle soit (Carnap, Reichenbach) ou ne soit pas (Schlick) reconnue comme une véritable science, se réduit à une élucidation des propositions scientifiques portant directement ou indirectement sur l'expérience, propositions que les sciences elles-mêmes ont pour tâche de vérifier. La philosophie sera par conséquent avant tout philosophie de la science; et , s'occupant de cet aspect positif de la connaissance humaine, elle tendra vers une effective objectivité (Reichenbach, introduction au no 1 d'Erkenntnis). Pour rendre clair le langage de la science, elle utilisera le symbolisme logique de Frege et de Russell.
  3. Le succès d'une telle philosophie annonce la fin de la métaphysique : "Car il ne sera plus indispensable de traiter des "questions philosophiques", puisque de toute question on traitera philosophiquement, c'est-à-dire dans un langage clair et pourvu de sens" (Schlick, Die Wende der Philosophie). Et les questions respectant les traditions de la métaphysique apparaîtront alors comme ne portant que sur des mots dont le sens n'avait pas été suffisamment éclairci, et sur des propositions invérifiables. [19]

L'École française

Louis Leprince-Ringuet fait partie des plus illustres scientifiques français s'étant, d'autre part, penché sur la nature de la relation entre science et foi. Il contribue surtout à l'Annuaire de l'Église catholique de France. Sa réflexion porte sur la science et son éthique à partir d'une citation de Jacques Monod, extraite de sa conférence inaugurale au Collège de France. Ce savant moderne était athée (Le hasard et l'obligation)  ; pour lui comme pour d'autres scientifiques, la science rapproche les hommes sur toute la planète, tandis que les religions les séparent. Il semble qu'entre science et religion, il y ait de fait une principale différence de nature. La science s'applique à formaliser des lois, à dire le "comment", mais elle n'explique pas le "pourquoi" de l'univers. Ainsi la prévision de nos actes ne sera jamais donnée par le développement de la recherche. Telle qu'elle se présente, la science est en soi athée ; pas de traces de Dieu dans l'immense accumulation d'études qui couvre l'ensemble des domaines de la connaissance rationnelle.

Concernant la position de l'Église L. L. R., montre que son attitude est de plus en plus ouverte mais mal connue, y compris des catholiques. Son instrument de réflexion et de dialogue réside essentiellement, et cela depuis 1936, dans l'Académie pontificale des sciences qui comporte 80 savants de toutes nationalités, disciplines ou confessions, dont une vingtaine de prix Nobel ; les catholiques y sont minoritaires. Elle est établie au Vatican et organise plusieurs fois par an des "semaines d'étude" ou des colloques. Le pape, tenu au courant, préside chaque automne la session plénière ; ainsi le 10 novembre 1979, il a initié le processus qui devait aboutir en 1992 à la quasi réhabilitation de Galilée. [20]

Position de l'Église catholique au XXe siècle

Dès le début de son pontificat, le 10 novembre 1979 (centième anniversaire de l'apparition d'Albert Einstein), Jean-Paul II a en premier lieu souhaité approfondir le cas de Galilée. Le 3 juillet 1981, il appelle une commission d'étude composée de théologiens, de savants, et d'historiens, pour «faire disparaître la défiance que cette affaire oppose toujours, dans énormément d'esprits, à une concorde fructueuse entre science et foi.»

Le 31 octobre 1992, la commission remet les conclusions de son rapport et Jean-Paul II fait un discours devant l'Académie pontificale des sciences :

«Ainsi la science nouvelle, avec ses méthodes et la liberté de recherche qu'elle suppose, obligeait les théologiens à s'interroger sur leurs propres critères d'interprétation de l'Écriture. La majorité n'ont pas su le faire. Paradoxalement, Galilée, croyant sincère, s'est montré plus perspicace sur ce point que ses adversaires théologiens. «Si l'Écriture ne peut errer, écrit-il à Benedetto Castelli, certains de ses interprètes et commentateurs le peuvent, et de plusieurs façons». On connaît aussi sa lettre à Christine de Lorraine (1615) qui est comme un petit traité d'herméneutique biblique.»

Dans son message adressé à l'Académie pontificale des sciences le 22 octobre 1996, il affirma l'acceptation de la théorie de l'évolution (ou, plus précisément des théories de l'évolution, dont la théorie darwinienne)  :

«Aujourd'hui, près d'un demi-siècle après la parution de l'Encyclique, de nouvelles connaissances amènent à reconnaître dans la théorie de l'évolution plus qu'une hypothèse. Il est en effet remarquable que cette théorie se soit progressivement imposée à l'esprit des chercheurs, suite à une série de découvertes faites dans diverses disciplines du savoir. La convergence, nullement recherchée ou génèrée, des résultats de travaux menés indépendamment les uns des autres, forme par elle-même un argument significatif en faveur de cette théorie.»
«En outre, l'élaboration d'une théorie comme celle de l'évolution, tout en obéissant à l'exigence d'homogénéité avec les données de l'observation, emprunte certaines notions à la philosophie de la nature. Et, à vrai dire, plus que de la théorie de l'évolution, il convient de parler des théories de l'évolution. Cette pluralité tient, d'une part, à la diversité des explications qui ont été proposées du mécanisme de l'évolution et , d'autre part, aux diverses philosophies auxquelles on se réfère. Il existe ainsi des lectures matérialistes et réductionnistes, et des lectures spiritualistes

L'un des principaux penseurs français sur la relation entre science et foi, le cardinal Paul Poupard, président de l'Académie Pontificale de la Culture, précise en effet, faisant écho à la notion de Non Overlapping Magisteria (non recouvrement des magitères (NOMA) ) du paléontologue américain Stephen Jay Gould que la distinction épistémologique entre les savoirs est une condition indispensable pour éviter des formes dommageables de confusion, cependant si la science et la foi sont des savoirs de formes profondément différentes, il n'est pas vrai de penser et d'enseigner, comme le font certains, qu'ils forment des mondes à part et scindés, qui ne se rejoignent jamais : si l'un et l'autre ont un sens pour l'homme, c'est dans la vérité et la vérité de l'homme qu'ils deviennent, paradoxalement, des parallèles convergentes. [21]

En 1996, le pape Jean-Paul II affirma que l'évolution était «plus qu'une hypothèse». [22] Ainsi le Magistère de Église catholique refusait de soutenir les campagnes en faveur du créationnisme qui divisaient les États-Unis. En 2005, George Coyne alors, directeur de l'Observatoire du Vatican a aussi prit position contre le dessein intelligent (un créationnisme camouflé pour ses détracteurs) en réponse aux propos du cardinal autrichien Christoph Schönborn. [23]

Le 14 septembre 1998, au terme du IIe millénaire, le pape Jean-Paul II a publié l'encyclique Fides et ratio, qui synthétise cette relation entre la foi et la raison. Commençant par la formule de Socrate («connais-toi toi-même»), elle se poursuit par cette phrase :

«La foi et la raison sont comme deux ailes qui autorisent l'esprit humain de s'élever vers la contemplation de la vérité.»

Dans cette encyclique, Jean-Paul II rappelle le travail d'appropriation de la philosophie antique (Aristote) par l'occident au cours du Moyen Âge, surtout grâce à saint Thomas d'Aquin, et l'obligation du fondement :

«Je désire uniquement déclarer que la réalité et la vérité transcendent le factuel et l'empirique, et je souhaite affirmer la capacité que possède l'homme de connaître cette dimension transcendante et métaphysique d'une manière véridique et certaine, même si elle est imparfaite et analogique. /... / Un grand défi qui se présente à nous au terme de ce millénaire est de savoir accomplir le passage, aussi indispensable qu'urgent, du phénomène au fondement. Il n'est pas envisageable de s'arrêter à l'unique expérience ; même lorsque celle-ci exprime et manifeste l'intériorité de l'homme et sa spiritualité, il faut que la réflexion spéculative atteigne la substance spirituelle et le fondement sur lesquels elle repose. Une pensée philosophique qui refuserait toute ouverture métaphysique serait par conséquent radicalement incorrecte pour remplir une fonction de médiation dans l'intelligence de la Révélation»
Article détaillé : Fides et ratio.

Le pape Benoît XVI, successeur de Jean-Paul II, a précisé le point de vue du Magistère de l'Église catholique en avril 2007 : «le christianisme a fait «l'option de la priorité de la raison créatrice au début de tout et principe de tout». Il a ainsi rejeté la seconde option envisageable, celle de «la priorité de l'irrationnel selon laquelle tout ce qui fonctionne sur la terre et dans nos vies serait uniquement occasionnel et un produit de l'irrationnel et affirme que «chacun de nous est le fruit d'une pensée de Dieu». Cette prise de position ne contredit pas la théorie de l'évolution, mais refuse que cette théorie dicte la vision qu'on doit avoir de l'individu.» [24]

Citations

Albert Einstein 
Martin Luther King 

Liens externes

Bibliographie

Presse scientifique et ou théologique

Références

  1. BnF : Organon d'Aristote
  2. Fides et Ratio, 1998, § 88
  3. jesuites. com
  4. Science et Religion, Folio
  5. Bernard Quilliet, la tradition humaniste
  6. Colloque de Bruxelles, ULB, actes réunis sous la direction de Michel Cazenave (2001).
  7. Site Infoscience
  8. Extrait du site de la BNF, Paris
  9. Site Infoscience
  10. Aristarque est cité par Archimède qui déclare que ses calculs de distance sont faux.
  11. Les Grands Esprits du XVII siècle
  12. Louis pasteur, claude bernard, charles darwin... La science conquérante Michel de Pracontal in Le Nouvel Observateur n°2250 du 20 décembre 2007
  13. L'anti-protestantisme politique, Nicole Malet-Yvonet, RHPR, 1958
  14. traduit en français en 2005 Modèle :Citation à venir
  15. judaïsme libéral et protestantisme libéralont largement fait avancer ce concept en France et en Belgique au tournant du 19e et 20e siècle
  16. Encyclique Quanta Cura
  17. Lamentabili sane exitu (1907) et Pascendi Dominici Gregis (1907)
  18. Revue thomiste, volume93 n°3-4, 1993.
  19. (fr) Cercle de Vienne Par Gilles Gaston Granger
  20. Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques 82, 1998, 87-122
  21. Actes du 2e Colloque interdisciplinaire sur Science et Foi, Ljubljana (3 juin 2004), Cardinal Paul Poupard
  22. WorldNetDaily : Vatican to Catholics : Listen to scientists
  23. Le pape et l'evolution
  24. Le Figaro – Actualité en direct et informations en continu

Recherche sur Amazone (livres) :




Ce texte est issu de l'encyclopédie Wikipedia. Vous pouvez consulter sa version originale dans cette encyclopédie à l'adresse http://fr.wikipedia.org/wiki/Relation_entre_science_et_religion.
Voir la liste des contributeurs.
La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 09/04/2010.
Ce texte est disponible sous les termes de la licence de documentation libre GNU (GFDL).
La liste des définitions proposées en tête de page est une sélection parmi les résultats obtenus à l'aide de la commande "define:" de Google.
Cette page fait partie du projet Wikibis.
Accueil Recherche Aller au contenuDébut page
ContactContact ImprimerImprimer liens d'évitement et raccourcis clavierAccessibilité
Aller au menu