Courants du judaïsme
L'hébraïsme, à partir duquel se développa le judaïsme, naquit dans un peuple qui situait sa naissance lors de la sortie de l'Égypte pharaonique après des siècles d'asservissement, et attribuait cette libération à YHWH.
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- Le troisième type de conversion, celle des «juifs de père», que l'auteur... brièvement les trois grands courants du judaïsme contemporains – libéral, ... (source : assr.revues)
- Sous-article de judaïsme
L'hébraïsme, à partir duquel se développa le judaïsme, naquit dans un peuple qui situait sa naissance lors de la sortie de l'Égypte pharaonique après des siècles d'asservissement, et attribuait cette libération à YHWH. Cependant, en dehors de ces principes, qui n'étaient pas vécus comme des spéculations théologiques abstraites mais des expériences historiques, sur lesquelles n'importe qui s'accordait, le judaïsme ne fut jamais monolithique, génèrant des courants réunissant un nombre plus ou moins grand d'adeptes.
Parmi les grandes lignes de clivage entre ces courants figurent les divergences d'interprétation du texte biblique, mais aussi le rapport à une tradition orale parallèle et supposée concomitante de la Torah, nommée la Torah orale.
Dès l'antiquité, les juifs de l'époque du Second temple de Jérusalem sont éclatés en de nombreuses «sectes». Celles-ci disparaissent après l'unification interprétative réalisée par le Talmud entre le IIe siècle et le Ve siècle, le karaïsme restant l'unique contestataire, de moins en moins influent, de cette interprétation.
Une nouvelle diversité apparaît au XIXe siècle en Europe, avec la remise en cause par le judaïsme réformé et ses différents courants de tout au partie de l'interprétation talmudique de la Torah.
Les courants du judaïsme sont habituellement différents des subdivisions ethniques juives et des mouvements politiques juifs. Cependant, les interactions avec ceux-ci ne sont pas rares, et le rapport au sionisme génère des interprétations théologiques fort différentes au sein des courants du judaïsme orthodoxe comme des mouvements non-orthodoxes.
Courants israélites
Après le retour des exilés de Babylone, les Israélites éclatent entre Judéens (Juifs) et Samaritains.
Ces derniers établissent un sanctuaire sur le mont Garizim et récusent la centralité de celui de Jérusalem. Ils ne sont , aux yeux des Judéens, pas des Israélites, mais des descendants de populations déportées par Sennacherib ayant mêlé leurs pratiques païennes aux coutumes et croyances locales[1].
Ils rejettent aussi les Livres des Prophètes, accusant Élie d'être à l'origine du schisme, ne reconnaissant de canonicité qu'à l'Hexateuque (Pentateuque et Livre de Josué). Ils établissent leurs propres Livres des Chroniques.
L'interprétation de la Torah que font les Juifs, mais aussi la Torah orale, ne sont pas davantage acceptés, quoique les Samaritains ne s'opposent pas à l'idée d'une tradition orale, et en possèdent une, qu'ils nomment le Memar Marqah.
De ce courant subsistent aujourd'hui deux communautés totalisant 700 personnes à Holon ainsi qu'à Naplouse.
Anciens courants du judaïsme
Le judaïsme de l'époque du Second Temple, qui fait suite à cette rupture est divisé en de nombreux groupes : outre les Sadducéens, Pharisiens, Esséniens et Zélotes, mieux connus car décrits par l'historiographe juif Flavius Josèphe comme les "quatre grandes sectes ", il faut ajouter :
- la ou les sectes des Minim, qui sont mentionnés par le Talmud comme un courant hérétique séditieux et identifiés par Jérôme aux Ébionites ainsi qu'aux Nazaréens[2], c'est-à-dire les premiers fidèles de Jésus judaïsants;
- celles décrites comme juives par Épiphane dans son Panarion, comprenant les deux sectes judéo-chrétiennes évoquées, mais également des mouvements précédant Jésus d'un siècle au moins;
- les courants égyptiens, dont la communauté juive d'Éléphantine et la secte des Therapeutæ pour lesquelles l'unique source est le De Vita Contemplativa de Philon d'Alexandrie;
- et enfin celles dont on ne connaît guère que le nom, comme les Hassidim ou les Soferim, brièvement mentionnées dans des sources le plus fréquemment talmudiques.
Plusieurs facteurs expliquent cet émiettement :
- quand des Judéens reviennent à l'appel de Cyrus fonder un second Temple à Jérusalem, ils ne forment qu'une minorité dans le judaïsme mondial. D'importants centres juifs prospèrent, essentiellement en Babylonie et en Égypte. Cette dernière a vu l'érection de deux Temples concurrents de celui de Jérusalem, le Temple de YWH à Éléphantine et celui d'Onias localisé à Léontopolis, quoique Philon d'Alexandrie relate que, comme lui-même, énormément de Juifs y portent leurs sacrifices tout en désormais un attachement au Temple de Jérusalem[3].
- la victoire des hasmonéens, après avoir (provisoirement) affirmé l'indépendance du judaïsme vis-à-vis de l'hellénisme, fait naître un nouveau clivage quand les vainqueurs s'arrogent non seulement la fonction de Grand Prêtre, mais également celle de dirigeants de la nation, tandis que selon le Tanakh, sont seul habilités à ce rôle les gens de la maison de David. Les Sadducéens s'allient à la classe dirigeante, ce qui cause selon certains une sécession au sein de la maison de Saddok, aboutissant à la formation du courant essénien[4], alors que les Pharisiens, originellement particulièrement favorables aux hasmonéens, se révoltent contre eux et subissent de lourdes persécutions.
- l'occupation romaine de la Judée suscite elle aussi la formation de nombreux courants, possédant pour la majorité une forte composante messianique. En effet, le joug romain suscite de nombreuses idées de révolte et la certitude que le rejeton de la lignée de David libérateur du peuple juif ne tardera pas à se manifester.
La secte des Sadducéens est la moins connue de toutes car elle n'a laissé aucun document derrière elle , si ce n'est un hypothétique Sefer Tzedoukkim dont le contenu est douteux. Les doctrines mises dans la bouche de Sadducéens dans le Talmud pourraient n'être que des prétextes à la réfutation de ces idées par les Sages, et leur description par Flavius Josèphe ne se fait que par comparaison symétrique avec les Pharisiens. Il s'agissait certainement d'une classe de prêtres, confiante en son rôle central et héréditaire dans le culte, se reposant sur l'autorité de la Lettre, c'est-à-dire la Torah et elle seule.
Certains acceptent la Torah orale, d'autres non, certains courants acceptent des ouvrages de la Bible que d'autres rejettent[5], certains professent l'éternité du monde lorsque d'autres sont créationnistes, certains professent l'immortalité de l'âme (pharisiens) que d'autres rejettent (sadducéens[6]), certains courants se montrent ouverts aux convertis lorsque d'autres les rejettent, certains courants se montrent ouverts à la culture hellénistique (dominante dans le Moyen-Orient de l'époque), que d'autres se font un point d'honneur de refuser.
Après la destruction du second Temple de Jérusalem en 70 de notre ère, ce judaïsme éclaté perd son autorité centrale. Le peuple juif perd aussi progressivement son État, réduit en premier lieu au statut de royaume vassal par les Romains, puis finalement supprimé pour devenir une simple province. Enfin, une nouvelle religion apparaît, le christianisme. Issu du judaïsme, le christianisme primitif met l'universalisme en avant. Les références au «peuple juif» et au «royaume de Juda» (dont le rétablissement était espéré par les Juifs) en disparaissent dès la fin du Ier siècle.
Suite à la destruction du Second Temple, et devant la menace de dilution et d'oubli de la tradition, les Sages pharisiens décident de mettre la Torah orale par écrit, rompant ainsi avec un tabou ancien[7]. le judaïsme pharisien s'impose, mais aussi sa lecture de la "Torah écrite" (dont elle a d'ailleurs fixé le canon) à travers le prisme de la Torah orale, tradition orale d'exégèse textuelle et légalistique reçue, selon la tradition pharisienne, de la bouche de Moïse lors du don de la Torah, et compilée sous forme des Talmuds babylonien et galiléen. Les principaux contestataires de l'époque du Temple, les Sadducéens, mais aussi le mouvement apparenté des Bœthusiens, s'étaient écroulés en même temps que cette institution sur laquelle se fondait toute leur autorité.
Le rejet de cette Loi par les Samaritains (qui avaient développé leur propre tradition orale, le Memar) était tenu pour insignifiant. Si elle fut ignorée des communautés juives trop éloignées des centres d'enseignement et de diffusion de cette Loi, comme les Juifs de Chine, d'Éthiopie ou d'Inde, elle fut rapidement réapprise par les descendants de ceux-ci désireux de réintégrer le judaïsme.
La seule opposition significative à l'hégémonie pharisienne sur l'orthopraxie, mais non sur l'orthodoxie, eut lieu au VIIIe siècle de l'ère commune et fut le fait d'un courant scripturaliste, le karaïsme, auquel auraient adhéré 10 % des Juifs du temps de son âge d'or entre le IXe et le Xe siècle. C'est aussi suite à cette dissidence interne que le judaïsme pharisien fut rebaptisé "rabbanite" ou "rabbinique", du nom de ces Sages, dont les jugements fixaient la conduite à tenir des générations ultérieures. Le karaïsme fut contré et son influence diminua progressivement, les Karaïtes ne représentant plus aujourd'hui que 0, 2 % de la population juive totale.
Courants du judaïsme actuels
Plusieurs "appellations" se sont développés dans le judaïsme européen au XIXe siècle, surtout chez les juifs ashkénazes.
Aujourd'hui peu influents en Europe, ces courants sont en particulier présents en Amérique du Nord. La communauté juive de ces pays est divisée en plusieurs "appellations" religieuses différentes. On les nomme plus fréquemment "courants" ou "branches" du judaïsme, le terme religious denomination ayant une connotation chrétienne assez marquée. En dépit des efforts de plusieurs de ces courants pour s'exporter en Israël, le phénomène est aujourd'hui beaucoup propre au judaïsme de la diaspora.
Les trois plus importants courants sont connus aux États-Unis sous le nom de judaïsme orthodoxe, judaïsme conservative et judaïsme réformé.
Ils résultent de la Haskala, la traduction juive de la philosophie des lumières, initialement développé en Allemagne, mais furent beaucoup façonnés par l'immigration des Juifs aux États-Unis.
En Europe, le puissant mouvement réformé allemand fut fortement touché par la Shoah, ses membres ayant été assassinés par le régime nazi ou ayant émigré aux États-Unis. Le principal centre du mouvement réformé se trouve aujourd'hui en Angleterre et , étant né de dissensions pratiques plutôt qu'idéologiques, prône une attitude plus proche du mouvement conservative que de son homonyme américain ; le mouvement équivalent à ce dernier se nomme en Europe le judaïsme libéral.
D'autres mouvements moindres sont nés depuis.
Dans les années récentes, tous ces courants ont dû faire face au défi de l'assimilation, chacun proposant son attitude propre.
Ces mouvements partagent une base commune :
- Tous partagent des valeurs comme le tikkoun olam (un sens de responsabilité juif quant à la préservation, la réparation et le perfectionnement de la marche du monde) et le klal Israël (un sentiment d'appartenance et de responsabilité envers la communauté juive "universelle"). Ces valeurs juives sont la base de la coopération et des interactions entre les différents mouvements.
- Tous reconnaissent la Torah, les autres écrits du Tanakh et , dans leur grande majorité, le Talmud comme centraux dans l'expérience juive. Cependant, ils changent dans leur approche de ces textes, depuis le fidéisme absolu jusqu'à un respect pour la valeur esthétique sans les considérer comme d'autorité absolue.
Ils changent :
- dans le niveau d'observance et de pratique religieuse, c'est-à-dire d'adhérence et de pratique de la Halakha,
- dans la méthodologie d'interprétation de celle-ci,
- dans la "souplesse" comparé à l'adaptation de celle-ci à la modernité.
- dans leur approche du Talmud, depuis l'adhérence inconditionnelle à la distanciation comme œuvre respectable mais ancienne et inadaptée à l'époque.
- comparé à l'acception des conclusions de la critique biblique,
- à la nature du Messie ou des temps messianiques.
- à la tenue de leurs offices de prière, en particulier la langue dans laquelle ils sont dirigés, les mouvements plus respectant les traditions facilitant l'hébreu et dans une moindre mesure l'araméen.
Les différences théologiques principales se produisent entre juifs orthodoxes et non-orthodoxes, fréquemment nommés courants progressistes ou, au sens large, libéraux.
Voir aussi
- Point de vue juif sur le pluralisme religieux
- Relations entre les courants du judaïsme
- Liste des religions
Liens externes
- Emergence of Jewish Denominations (myjewishlearning. com)
- Jewish World Today. Overview : State of the Denominations (myjewishlearning. com)
- What's the difference between Orthodox, Conservative and Reconstitu?
Notes et références
- ↑ II Rois 17 :24-29.
- ↑ Mention par Jérôme des Nazaréens. Jérôme confond Ébionites et Nazaréens.
- ↑ De Providentia, cité par Eusèbe, l. c. viii. §§ 14, 64.
- ↑ Levin, à compléter. Cependant, selon une autre théorie, "Esséniens" serait la prononciation syriaque de "Hassidéens", une secte évoquée dans les livres des Macchabées.
- ↑ Voir les livres acceptés par la version grecque de la Septante et rejetés par le Tanakh hébraïque.
- ↑ Selon les évangiles et Flavius Josèphe.
- ↑ Guittin 60b ; Josy Eisenberg, Une histoire des Juifs, P. 178.
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La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 09/04/2010.
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