Mana

Le terme Mana sert à désigner un concept Polynésien qu'on retrouve sous différentes appellations dans d'autres peuples.

Problème de définition

La notion de mana a fait l'objet de nombreuses discussions, tant sur la traduction que sur sa signification, mais également plus largemen, elle a fait l'objet de discussions sur la validité ou la pertinence des «notions de type mana». Ainsi, en 1881, Codrington définit le mana comme un «vecteur diffus de pouvoir spirituel ou d'efficacité symbolique supposé habiter certains objets et personnes». Dix ans plus tard il précise en affirmant que le mana est un «pouvoir d'influence» s'attachant aux personnes ainsi qu'aux choses, véhiculé par les revenants et les esprits.

Keesing dit que ces définitions sont des créations des Européens, mais pas la conception autochtone. En effet, depuis Codrington, quand mana a été privilégié comme substantif, il a toujours été traduit comme tel, tandis qu'en réalité il avait trois formes envisageables : verbe actif, verbe passif, substantif. Cet aspect apparaît toujours chez Marcel Mauss, pour lequel le mana devient principalement un substantif. «On dit d'un objet qu'il est mana, pour dire qu'il a cette qualité ; et dans ce cas le mot est une sorte d'adjectif». Au début du siècle, le terme mana a commencé à illustrer l'idée d'une qualité abstraite ou d'un support de pouvoir surnaturel sur lequel repose l'action humaine ou dont celle-ci dépend.

Dépassant beaucoup le contexte océanien, mana est devenu une notion du métalangage anthropologique. Actuellement l'explication la plus aboutie est celle de Keesing : il en donne trois usages :

verbe d'état signifiant «être efficace, puissant, réalisé», utilisé de façon stéréotypée pour décrire l'efficacité et la chance.
verbe employé dans les prières et les invocations : «bénis, soutiens, rends efficace…»
comme substantif : «efficacité, réalisation, puissance…»

Cela pose de nombreuses questions, surtout celles de la traduction, et de la signification. Car tout ce qu'on attribue au mana reste flottant ou vague. Lévi-Strauss compare le mana aux mots français «truc» ou «machin». Il dit en effet que «derrière machin, il y a machine et plus lointainement l'idée de force ou de pouvoir». Quant à truc, cela dérive des coups heureux dans les jeux. Pour lui, les conceptions de type mana (wakan, orenda) relèvent d'une forme de pensée universelle et il met en avant une explication linguistique. La fonction des notions de type mana, écrit-il, «est de s'opposer à l'absence de signification sans comporter par soi-même aucune signification spécifique», elle est de combler un écart entre le signifiant et le signifié. C'est leur vide sémantique qui rend ces notions centrales. Celles-ci représentent exactement «ce signifiant flottant qui est la servitude de toute pensée finie, quoique la connaissance scientifique soit capable, sinon de l'étancher, au moins de le discipliner partiellement (…). Nous voyons dans le mana, le wakan, l'orenda et autres notions du même type l'expression consciente d'une fonction sémantique, dont le rôle est de permettre à la pensée symbolique de s'exercer malgré la contradiction qui lui est propre».

Avec l'exemple du mana se posent les problèmes de l'usage et de la signification. Cependant, si on ne parvient à donner une définition du mana, on lui trouve une fonction avec Lévi-Strauss. Quant à la signification de ce type de notions, il faut certainement y renoncer, dans la mesure où elles sont en elles-mêmes vides de sens et par conséquent susceptibles de recevoir n'importe quel sens.

Pourtant, on avait donné un sens au mana, une substance diffuse et invisible de pouvoir, une création européenne. Keesing pose le problème de la traduction : une mauvaise traduction peut en effet entraîner non seulement la création d'entités inexistantes, mais également d'importants problèmes analytiques. À cause de mé-traductions, les ethnologues se sont fréquemment découvert de pseudo problèmes. Il ne s'agit pas uniquement de chercher des significations à ces notions, il faut aussi observer l'usage qui en est fait, le contexte d'énonciation, etc.

Mana dans les jeux de rôle et les jeux vidéo

A titre d'exemple, dans l'immense majorité des jeux de stratégie ou des MMORPG actuels, le terme de'mana'permet de désigner l'énergie d'une unité, qu'elle peut consacrer le plus fréquemment à lancer un sort, et qui diffère de sa force vitale (les'points de vie'). Compte tenu des millions de joueurs à travers le monde, comme par exemple plus de 10 millions pour l'unique World Of Warcraft en septembre 2008, le sens de ce terme comme énergie magique ou point de magie (PM, toujours nommés Magic point ou MP) est en train de s'imposer pour une catégorie entière de la population. Cependant, suite à une erreur de traduction dans Diablo II, puis plus tard dans Warcraft 3, ces joueurs considèrent ce mot comme étant féminin. Mana est néenmoins un mot masculin. On peut retrouver le concept du mana dans le jeu de cartes à jouer ainsi qu'à collectionner Magic : L'assemblée (nom original : Magic : The Gathering). Ici, le mana est produit par des cartes nommées terrains. Il peut prendre différente couleurs suivant la nature du terrain utilisé : ainsi, la plaine donne du mana blanc, la forêt du mana vert, l'île du mana bleu, la montagne du mana rouge et le marais du mana noir. Les différentes couleurs de mana son utilisées pour jouer des cartes non-terrains nommées sorts.

Voir aussi

Magie et religion
PASKUA

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