Guerre de Canudos

La Guerre de Canudos est un conflit entre l'État du Brésil et un groupe de quelques 30 000 colons ayant fondé Canudos, leur propre communauté dans le nord-est de l'État de Bahia.



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Conflit de la Période républicaine (Brésil) - Histoire de Bahia - Millénarisme - Religion - 1897

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La Guerre de Canudos est un conflit entre l'État du Brésil et un groupe de quelques 30 000 colons ayant fondé Canudos, leur propre communauté dans le nord-est de l'État de Bahia. Après plusieurs tentatives infructueuses de destruction par l'armée, la communauté a été brutalement détruite en octobre 1897 lorsque une force armée nombreuse a écrasé le village et tué la majorité de ses habitants.

Contexte

Le conflit trouve ses origines dans la colonisation de Canudos dans l'arrière-pays semi-aride ("sertão" ou «caatinga» en Portugais) de l'extrême nord-est de l'État de Bahia (à l'époque, la Province de Bahia). Bahia est à l'époque une zone désespérément pauvre, son économie moribonde, basée sur une agriculture de subsistance et l'élevage du bétail. Elle ne compte pas de grande ville. La population est en grande partie composée d'anciens esclaves noirs (l'esclavage a été aboli en 1888), d'Indiens et de métis pauvres et déracinés. C'est un terrain favorable à l'émergence du fanatisme religieux, de mouvements messianiques et du mécontentement contre le nouveau régime Républicain (proclamé le 15 novembre 1889 suite à un coup d'État militaire contre l'Empereur régnant, Pierre II, qui est alors toujours aimé par le peuple).

C'est dans ce contexte qu'apparaît Antônio Vicente Mendes Maciel, surnommé Antonio Conselheiro («le Conseiller»), un des nombreux prêcheurs mystiques. Il va de village en village accompagné de son groupe de fanatiques, vivant de petits boulots et demandant de l'aide aux petits fermiers. Il prétend être un prophète et que le retour attendu du Roi de Portugal Sébastien Ier est proche. Après avoir erré dans les provinces du Ceará, Pernambouc, Sergipe et Bahia, il décide en 1893 de s'installer définitivement dans la ferme de Canudos, près de la ville de Monte Santo le long de la rivière Vaza-Barris, avec ses disciples désormais nombreux. Ses prêches et ses promesses d'un monde meilleur attirent bientôt 8000 nouveaux résidents qui commencent à semer le trouble dans la région. Craignant une invasion de sa ville par les "Conselhistas" qui avaient eu une querelle avec un marchant de bois, le maire de Juazeiro en nomme au gouvernement provincial. Une visite de la ville par deux Frères Capucins ne permet pas de calmer la population; l'un d'eux accuse à tort Antônio Conselheiro de vouloir provoquer une sédition monarchique.

Premières campagnes militaires

Le gouvernement provincial envoie le capitaine Virgílio Pereira de Almeida réprimer la révolte avec une colonne de 30 soldats. Les soldats furent rapidement massacrés par une bande de jagunços (les milices privées recrutées par les fermiers pour protéger leurs terres) favorables à Antônio Conselheiro. Cet évènement provoqua une grande panique au sein du gouvernement provincial qui fit alors appel au gouvernement fédéral. Les États-Unis du Brésil sont alors jeunes, et les rebelles furent à l'époque perçus comme étant monarchistes et séparatistes, ce qui formait un mauvais exemple et une menace pour le nouveau régime. Le Président Prudente de Morais décida une expédition militaire punitive et l'armée brésilienne commença ses préparatifs en novembre 1896. Malgré des informations insuffisantes concernant le terrain et les forces de Canudos, un petit groupe de 104 soldats commandé par le Lieutenant Pires Ferreira attaque la colonie le 21 novembre 1896. Il subit une contre-attaque féroce d'un groupe de 500 hommes armés; l'armée brésilienne fait retraite après avoir infligé de sévères pertes et tué 150 assaillants, dont énormément n'étaient armés que de machettes, de lances primitives et de haches.

La défaite de Pires Ferreira et les informations sur la férocité et le fanatisme des habitants de Canudos provoqua un grand tollé national. L'armée était désormais mise en demeure de vaincre le village qui continuait à grossir (il atteint finalement 30000 habitants). Un second corps expéditionnaire fut organisé sous les ordres du Ministre de la Guerre, le Général Francisco de Paula Argolo. Il était composé de 557 soldats et officiers sous le commandement du Major Febrônio de Brito. Il attaqua le village de Canudos, désormais en état de siège et bien défendu, le 6 janvier 1897. Après une attaque directe réussie de l'infanterie et de l'artillerie contre les tranchées ennemies, les troupes gouvernementales furent submergées par des vagues de plus de 4000 insurgés se battant en champ ouvert. Manquant de munitions, de vivres et d'eau et incapables de résister aux vagues d'attaques qui continuaient malgré les pertes élevées chez les rebelles, les forces armées durent faire retraite, cédant une fois toujours aux rebelles.

L'armée répondit avec un corps expéditionnaire toujours plus important. Le prestige des forces armées et du nouveau gouvernement étaient désormais en jeu. Antônio Moreira César, un colonel expérimenté, organisa une puissante troupe avec trois bataillons d'infanterie et un bataillon d'artillerie, tous équipés à neuf et entrainés. En dépit des connaissances acquises sur l'importance et la résolution des troupes rebelles, leur résistance à une campagne militaire organisée de la sorte était reconnue comme impossible. Malgré tout, le 6 mars 1897, la colonne du colonel Moreira César fut défaite par les insurgés après uniquement deux jours de combat se soldant à nouveau par de lourdes pertes humaines et matérielles pour l'armée brésilienne, mais aussi par la mort du colonel César.

La destruction de Canudos

Sous la pression du gouvernement britannique qui avait soutenu le gouvernement Républicain mais qui craignait que les nombreux investissements britanniques dans le nord-est soient menacés si le désordre civil et la résistance monarchique continuaient, le gouvernement Fédéral prépara une nouvelle expédition. Cette fois, elle fut planifiée de façon plus professionnelle, avec l'aide d'un cabinet de guerre. Sous le commandement du Général Arthur Oscar de Andrade Guimarães et avec l'implication personnelle du Ministre de la Guerre qui a visité Monte Santo, une ville proche de Canudos qui servait de point de concentration, une importante formation militaire constituée de trois brigades, huit bataillons d'infanterie et trois bataillons d'artillerie fut mise en place. Des mitrailleuses et de grosses pièces d'artillerie comme des mortiers et des obusiers furent ajoutées à la force de 3 000 hommes. L'équipement demanda d'énormes efforts de transports dus au terrain impitoyable, manquant de routes.

La seule photographie d'Antonio Conselheiro, prise après sa mort en septembre 1897

Cette fois, les assaillants étaient aidés par la famine et la malnutrition des habitants de Canudos, leur manque d'armes et de munitions mais aussi les lourdes pertes qu'ils avaient subies lors des précédentes attaques. Qui plus est , leur leader spirituel, Antonio Conselheiro, était mort le 22 septembre, certainement de dysenterie et de malnutrition causées par le jeûne et les pénitences. Après un mouvement de prise en tenailles et l'arrivée d'un renfort de 2 000 soldats, Canudos fut encerclé et bombardé sans merci jour après jour. Les rebelles ne pouvaient pas résister plus longtemps et se rendirent sans conditions le 2 octobre 1897. On ne trouva que trois défenseurs armés avec une faible population de femmes et d'enfants affamés. La population eut à subir des atrocités comme l'égorgement de l'ensemble des hommes ou le viol de nombreuses femmes. Ceci conduisit à de nouveaux massacres avant que la paix ne soit rétablie. Il ne restait que 150 survivants. Les femmes les plus avenantes furent capturées et envoyées dans des bordels de Salvador. Le corps d'Antônio Conselheiro fut exhumé, sa tête coupée et envoyée en triomphe dans la capitale de la province.

Certains auteurs comme Euclides da Cunha (1902) estiment que le nombre de morts lors de la Guerre de Canudos s'élève aux alentours de 30 000 (25 000 résidents et 5 000 assaillants) [1] mais le bilan réel est certainement inférieur (environ 15 000 morts selon Levine, 1995).

Notes et références

Bibliographie

Médias

Voir aussi

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"après la Guerre de Canudos"

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